La marche permet de créer le lien existant entre le projet et la
réalité du contexte, en faisant le pont entre le dessin et la pratique.
Cet outil est pluriel vis-à-vis des questionnements et sujets qu’il peut
ainsi générer.
La pluralité des environnements qui peuvent être parcourus sont autant
d’expériences sensibles qui émergent de l’espace et qui, à travers le
prisme de la marche, se révèlent. Cette action de « révélation » me permet d’appréhender les limites, les énoncer et ainsi les évaluer. Il s’agit ici de considérer que la marche est un outil pluridisciplinaire qui facilite l’appréciation des limites du corps au sein des territoires urbains. Elle offre la possibilité de générer une multitude de réponses vis-à-vis de la pratique dans laquelle elle est expérimentée. Il faut avant tout considérer, et c’est probablement ce qui a été le plus dur pour moi à assumer, et l’écriture du mémoire m’a permis d’en prendre conscience; la marche, par sa pratique ne bouleverse pas l’espace de manière immédiate.
En effet, son action permet avant tout de générer, d’actionner, de faire émerger des éléments, des usages, des pratiques, des manières d’habiter. Cette pratique est orientée vers la question du regard, de l’observation.
Il n’y a pas d’action dite matérielle. Sa matérialité, ne se traduit pas nécessairement de manière construite, ou perceptible sur le long terme. En effet, il s’agit davantage d’interventions éphémères, qui ne sont perceptibles qu’à un moment précis, mise en place grâce à la pratique du corps au sein de l’urbain. C’est à travers le tâtonnement, l’essai, le test, que progressivement le projet se dessine. Les limites révélées par la marche sont autant d’éléments qui permettent de traduire une expérience spatiale, dans le but de pratiquer et habiter autrement l’urbain.
Audrey Alonso
Extrait du mémoire de fin d’études « Corps et pratiques urbaines », 2019